Mon mari est parti ce matin. Il rejoint des amis pour faire
la route jusqu’à Poitiers. C’était important pour lui d’aller enterrer
Guillaume Faye. Il m’a toujours beaucoup parlé de lui, de ses livres, de ses
faits de guerre. Il m’a plusieurs fois raconté cette rencontre alors qu’il
venait juste de quitter la Santé.
Au début de notre histoire, j’ai lu bien 15 kg de livres « incontournables »
selon Christophe. Dominique Venner, Alain de Benoist, … mais surtout Guillaume
Faye. Ça faisait partie du jeu de séduction, et je suis heureuse d’avoir pu effleurer son
univers avant de le partager totalement grâce à notre mariage.
A l’époque, Guillaume Faye n’était pour moi qu’un étrange personnage, un peu
fou, un peu dévoyé, pas vraiment un exemple à suivre. J’étais inquiète, parce
que mon gars-là, celui avec la barbe rousse, je comptais bien l’épouser et l’embarquer
dans une aventure sans fin à pondre des bébés et les élever dans la droiture et
dans la foi. Le fait qu’il prenne pour modèle, quelques hommes plus païens que
Saints me terrifiait.
Puis j’ai grandi. On en finit jamais de grandir. J’ai compris que même les
Saints n’étaient pas parfaits avant de rejoindre le Père. J’ai compris qu’on
pouvait désirer réussir sa vie terrestre et que c’était aussi profitable pour
réussir sa vie céleste. J’ai compris que si Guillaume Faye n’était pas un
Saint, il méritait tout à fait qu’on reconnaisse ses qualités.
Je n’assisterai pas aux obsèques de Guillaume Faye. Parce que ce n’est pas ma
place. Mais depuis que nous avons appris son décès, il a rejoint les prières de
la famille. Chaque soir avant de coucher le marmot, entre les bébés à venir et
les douces litanies à nos Saints Patrons, nous demandons à Dieu d’accueillir
Guillaume Faye dans son paradis.
Il y a longtemps, on m’a demandé : « Pourquoi tu pries pour eux ?
Ils ne sont pas chrétiens. » Je ne
me souviens plus du sujet concerné, mais la question m’est revenue ce matin. En
pensant aux obsèques, je me suis dit qu’il faudrait que je m’unisse à sa
famille et à ses amis par la prière. Mais pourquoi, puisqu’il n’est pas
chrétien ?
Pourquoi ?
Tout simplement parce que moi, je suis chrétienne. Ma foi n’est
pas un accessoire que j’arbore de temps à autre pour avoir l’air sérieux. Elle
fait partie de mon quotidien et je ne peux pas m’en décharger juste pour ne pas
heurter la sensibilité de ceux qui ne croient pas. D’ailleurs, ceux qui ne
croient pas sont rarement gênés par mes prières, ou alors ils sont d’incorruptibles
laïcards et n’ont qu’à fouiller dans leur cœur pour ôter la source de cette
gêne.
La prière, c’est mon quotidien et, chrétiens ou non, ceux qui me connaissent
bien savent que c’est un des moyens les plus sûrs que j’ai pour exprimer mon
amour. Alors quand une amie souffre dans son couple, même si elle n’a jamais
mis les pieds dans une église, je prie pour elle. Quand un enfant est sur le
point d’arriver, même si ses parents n’ont aucune intention de le baptiser, je
prie pour lui. Quand mes amis organisent un solstice, même si je sais qu’ils n’ont
aucune intention d’y inviter Notre Seigneur, je prie pour eux.
Je ne prie pas pour m’opposer à eux, au contraire, je prie pour les accompagner.
Je prie parce que l’amour que j’ai à partager, il me vient de Jésus, c’est ce
qui est naturel pour moi, c’est même facile, alors pourquoi m’en priverais-je ?
Avant, je n’osais pas dire à mes amis non-croyants « je prierais pour toi ». J’avais l’impression de faire du prosélytisme, d’essayer de les convaincre à la manière d’un Témoin de Jéhovah. Aujourd’hui (même si je n’ai pas renoncé à convertir tous les impies, c’est mon côté Croisé), je le dis volontiers, sans honte. Je pars du principe qu’il suffit d’avoir une petite conscience spirituelle pour voir que c’est une preuve d’affection et non une tentative forcée de conversion.
Et puis, entre vous et moi, si vous êtes chrétiens catholiques, vous aussi vous devez croire que le Bon Dieu est là pour tous, ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, partant de ce constat, je suis persuadée que mes prières pour ceux qui ne croient pas sont loin d’être vaines.
Je suis illuminée, mystique, contemplative, j’aime.
Aude a écrit un article elle aussi, et j’aimerais que vous alliez le lire.
Elle reprend un discours de Guillaume Faye sur ce qu’est pour lui le paganisme.
Je l’avais déjà lu, il y a 4 ans, pour faire plaisir à celui qui me regardait avec des yeux de merlan frit. Il essayait alors de me convaincre que l’accompagner au solstice d’hiver ne ferait pas de moi une traîtresse idolâtre du Diable (on parlera de ma tendance à excessivement dramatiser le moindre détail plus tard). Il y a 4 ans, je m’étais contentée d’acquiescer peu convaincue et de m’armer d’un régiment de prières à la Sainte Vierge le soir du 21 décembre.
Quand j’ai vu l’article sur le blog, ce texte m’est apparu complètement différemment. C’est mon paganisme aussi. Si je crois en Dieu, si j’ai confiance en Jésus, j’ai appris à redécouvrir la philosophie de mes ancêtres et elle fait partie intégrante de mon identité. Je ne la renie pas, au contraire, je l’accepte et je l’augmente de ma foi chrétienne.
Bon vent Guillaume, je vous lirais encore et mes enfants aussi. Vous pouvez vous enorgueillir d’avoir apporté beaucoup aux hommes qui vous ont croisé.
illustration originale, merci de ne pas utiliser sans mon autorisation
2 commentaires
Aude · 13/03/2019 à 22:17
Ohhhh qu’elle surprise !!
Tu as raison… Et je laisse volontiers mes amis prier pour nous. Je sais que c’est une preuve d’amour.
Bisous Valérie !!!
gardetto · 14/03/2019 à 07:07
Bonjour Valerie ,encore une fois c’est toujours agréable a te lire , et j’admire ta façon de maitriser notre langue, , tes gènes ont pris racine depuis Berthe, Aliette et, Anita .Bises a toute la famille